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Le colloque Géopoint de 2008 s’insère dans une suite de réunions scientifiques qui ont eu lieu tous les deux ans, depuis 1976. Cette réunion-ci traitera de la question de l’optimisation abordée sous son angle spatial, ce qui ouvre sur les problèmes fondamentaux de durabilité des sociétés et des organisations sociales et/ou territoriales.

Le problème de savoir dans quelle mesure il est légitime et possible de porter des jugements sur l’espace est posé aux géographes et par les géographes ; parfois de façon tout à fait explicite, plus souvent peut-être en termes implicites. Ainsi est-il paru intéressant de provoquer des réflexions sur cette question centrale et sur bon nombre d’autres qui lui sont liées, notamment pour expliciter l’implicite - une démarche toujours féconde.

Cela étant, il a semblé que ces réflexions peuvent être utilement abordées à partir d’une interrogation sur les rapports entre l’optimisation de l’espace géographique et les satisfactions sociétales. Le choix de cette problématique repose sur l’hypothèse selon laquelle toute évolution de l’espace géographique, défini comme un ensemble de lieux caractérisés par leurs positions relatives et munis d’attributs, et par la répartition des habitats et des productions, est susceptible de favoriser le degré de satisfaction de certains de ceux qui s’y
trouvent et de nuire à d’autres.

La notion d’optimum implique évidemment que l’on pose la question : optimum pour qui ? pour quoi ? Elle suppose donc que l’on dépasse largement la seule discussion de l’efficacité économique, qui sous-tend souvent l’utilisation de la notion par les économistes. Ainsi est-il hautement souhaitable que le colloque permette de soulever la question peu fréquente bien que très générale des satisfactions que peuvent obtenir les humains vivant dans une société spatialement organisée, ce que nous avons désigné par : « satisfactions sociétales ».

Celles-ci peuvent largement être décrites en termes de justice - que l’on songe aux écrits d’A. Reynaud sur la justice socio-spatiale ou à ceux de J.-P. Ferrier sur le contrat géographique et d’habitation durable des territoires - mais toutes les dimensions sont à prendre en compte, notamment la dimension esthétique.

Ceci posé il faut aussi convenir que la notion d’optimisation, notamment de l’espace géographique, est d’autant plus importante, vive et actuelle, qu’elle est liée à celle de durabilité. La réalisation d’un optimum, au moins d’un certain point de vue, peut constituer une condition d’un équilibre stable, statique ou dynamique ; et donc le préalable à une certaine stationnarité, que les bifurcations au sens strict du terme (les crises dans le domaine anthropique et/ou biologiques) peuvent venir rompre. Les relations entre optimum, équilibre, stabilité (et instabilité) sont très présentes dans toutes les problématiques de la modélisation, notamment des plus classiques des modèles spatiaux. Lors de ce Géopoint, elles pourront être utilement revisitées. De même, l’existence d’états stables et/ou stationnaires se traduit par la possibilité pour les territoires d’atteindre à une certaine permanence, on serait tenter de dire « de persister dans leur être » pour de longues périodes. On peut se demander dans quelles conditions.

De même, la notion d’optimum est liée aux rapports entre maximisation et minimisation, dont l’étude est d’autant plus significative que ces rapports sont parfois contradictoires, puisque, par exemple, la maximisation de certains éléments de confort n’est pas toujours immédiatement compatible avec la minimisation des risques ou encore avec la résilience de systèmes englobants, et de systèmes naturels en ce qui concerne l’anthroposphère. L’optimisation ne s’identifie donc pas à la maximisation de tel ou tel élément du réel. C’est un processus socio-spatial complexe - pour ce qui nous concerne, de co-construction d’un territoire sous contrainte.

Techniquement, l’existence possible d’états optimaux peut être reconnue dans une perspective statique. Mais les aspects dynamiques ne peuvent être négligés. Les processus d’optimisations posent des problèmes propres. Leur étude invite à introduire le jeu des acteurs, de leurs associations et de leurs conflits, donc des questions de gouvernance. Le poids des circonstances et des héritages, les divergences d’intérêt et les rapports de force, introduisent des décalages entre les buts que s’assignent des groupes humains et les résultats obtenus : l’incertitude et l’imprécision font leur entrée dans les processus
d’optimisation.

Mais, aux rapports entre maximum et minimum, viennent s’ajouter des compatibilités ou des incompatibilités entre des optimisations aux différents ordres de grandeur. La très classique différenciation entre intérêt général et intérêts individuels trouve des expressions et des équivalents dans les rapports entre les niveaux scalaires dans l’espace géographique.

Étudier l’optimisation d’un point de vue statique et dynamique ; évaluer les rapports entre les fins poursuivies par les acteurs et les résultats obtenus en définitive ; comprendre la durabilité des structurations des configurations spatiales et sociales ; diversifier les approches de la notion d’optimum : autant d’étapes dans la réflexion qui peuvent servir de cadre général à l’organisation de ce nouveau Géopoint de 2008.

Il a été décidé de centrer les discussions autour des quatre sous-thèmes suivants :
1/ Processus d’optimisation et état optimal.
2/ Optimisation, imprécision, incertitude et gouvernance.
3/ Durabilité et territoire.
4/ L’optimisation conduit-elle au juste et au beau ?

Il est souhaitable que les auteurs de contributions se situent en fonction de ces thèmes. Les débats pourront alors être centrés sur des questions majeures qui seront dégagées à partir des contributions proposées aux organisateurs du colloque.